Silhouette de 1900.
Il n'y a pas longtemps passait à ma télé sur je ne sais quelle chaîne (vous savez les films des vacances de noël...) Gigi, une comédie musicale de Vicente Minelli sorti en France en 1958. C'est une adaptation d'un roman de Colette. Gaston Lachaille, un riche et célèbre séducteur mondain parisien, fréquente l'appartement de Mme Alvarez et de sa nièce Gigi, une adolescente malicieuse, qu'il traite comme une enfant. Jusqu'au jour où il en tombe amoureux. Mais Gigi, n'est pas du tout décidée à devenir une maîtresse de plus.
Mais si je vous parle de tout ça c'est bien sûr pour parler chiffon : le film se passe dans les années 1900 à Paris et les costumes sont vraiment bien ficelés. Je voulais vous faire un post sur les costumes de Gigi mais le net manque d'images, donc je vais vous parler de la mode de 1900.
Les années 1900 sont ce que l'on appelle en France la Belle Époque, ainsi nommée par contraste avec la suite des évènements et en particulier avec la guerre 14-18. Comme d'habitude je commence par ce qui est le plus révélateur : la silhouette et l'aspect global de la tenue et par les sous-vêtements qui structurent cette silhouette.
La ligne de l'époque se veut fluide : je dis "se veut" parce que pour autant la femme reste corsetée. La silhouette en S qui est apparu avec la tournure continue d'être à la mode mais de façon moins caricaturale car la jupe perd de son ampleur en n'étant plus soutenue que par des jupons et non plus des structures rigides. Par contre la jupe s'allonge dans le dos, toujours à la recherche de cette fluidité. La taille reste fine, les hanches larges sont mises en valeur.
Le haut reste cambré et la poitrine est remontée pour pigeonner tout en s'aplatissant dans cette recherche de fluidité. 1900 est l'année de l'invention du corset dit "droit-devant" qui était censé être préférable pour l'abdomen (toujours ce problème des hygiénistes qui craignaient pour la santé des femmes) au traditionnel corset sablier mais qui donne une allure beaucoup plus cambrée au dos.
Cette publicité explique la différence entre le corset sablier et le corset "droit-devant", démontrant les avantages de ce dernier :
Un corset de 1905 :
Et voici la silhouette en S :
C'est aussi l'époque où certains grands couturiers novateurs : Poiret en particulier, commence à habiller les femmes sans corset, mais il faudra encore du temps avant que la pratique se généralise.
Les manches deviennent de plus en plus volumineuses (pour compenser la perte de volume au niveau de la jupe ?) et aboutissent aux manches gigot sur-dimensionnées de 1895 avant de désemplir un peu.
Les corsages ont des cols très haut, qui montent jusqu'au menton le jour, alors que les robes du soir sont très décolletées. Ce qui sera à l'origine de l'anecdote suivante : un prince venu d'Arabie était en voyage en France dans les années 1900 et trouvait les femmes françaises fort décentes, couvertes qu'elles étaient des pieds à la tête et au bout des doigts. On emmène se prince à une soirée dans le beau monde et quel n'est pas sont choc de découvrir des femmes éhontément dévêtues. Il en repart persuadé qu'elles allaient se livrer à la licence et déçu de ne pas pouvoir assisté à la fin de la soirée qui s'avérait fort coquine... Son hôte a bien essayé de lui expliquer que c'était des dames de la meilleure qualité, le prince est reparti persuadé du contraire.
Tenues de soirée de 1900 et de 1906